Harcèlement de rue : pénalisons !

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Par Claire Poursin, co-porte-parole des effronté-e-s

Le gouvernement prévoit de s’attaquer au harcèlement de rue, et nous ne pouvons que nous réjouir de l’intention.

Pénaliser le harcèlement de rue, c’est prévenir toute la société que ce phénomène n’est ni anodin, ni de l’ordre du privé, mais qu’il s’agit d’un délit. La plupart du temps, le comportement des harceleurs montre bien que leur intention n’est pas de séduire, mais de dénigrer, d’humilier, d’infantiliser, de dominer : sifflements, remarques sur le physique, attroupements masculins et harcèlement en groupe, tutoiement, insultes voire menaces si les femmes esquivent ou refusent ces « avances ». Nous vous renvoyons à l’intervention de l’une de nos portes-parole à ce sujet.

Un groupe de travail fera des propositions visant à pénaliser le harcèlement de rue dans l’espace public. Les ministères de l’Intérieur comme de la Justice sont impliqués. Il faut absolument que les associations féministes de terrain le soient également, afin que les travaux élaborés sur cette thématique soient pris en compte.

Groupe de travail, c’est bien. Mais avec quels moyens ?

Les effronté-e-s appellent le gouvernement à s’interroger sur l’ensemble des outils qui peuvent être mis en œuvre pour combattre efficacement le harcèlement de rue. Un fait de société tellement courant qu’il est malheureusement devenu plus qu’ordinaire.

Nous préconisons :

  • La diffusion d’outils de sensibilisation pour dénoncer le harcèlement dans l’espace public (campagnes diffusées dans les transports en commun, sur les affichages des lieux fréquentés,…).  Car lorsque le harcèlement se produit dans l’espace public, on nous rétorque souvent que les insultes ou les sifflements ne sont que des propos ordinaires voire des compliments flatteurs, au mieux que c’est le destin des femmes et que c’est à elles de surveiller leur attitude, leurs tenues, leurs heures de sortie !
  • La formation des agent-es et des moyens mis à leur disposition pour accompagner les victimes. Dans les commissariats, trop peu de plaintes sont prises au sérieux. Encore faut-il que les femmes aient le courage d’arriver jusque là, et on les comprend. Une effrontée, il y a quelques mois, s’est fait rire au nez lorsqu’elle a dénoncé des faits de harcèlement de rue devant deux agents de police témoins de la scène. Lire le récit intégral sur la pétition. Il revient aux agent-es de surveiller et de garantir la tranquillité des femmes dans l’espace public, et de prendre en compte leurs requêtes. Le harcèlement est dans tous les cas une atteinte inacceptable à la dignité et à la sécurité des femmes.
  • La prévention dès l’école et dans les lieux d’apprentissage. Sans cette formation, comment combattre le sexisme et œuvrer pour une citoyenneté égalitaire ? C’est regrettable, à ce propos, d’avoir vus les ABCD de l’égalité, programme anti-sexisme qui devait être enseigné, abandonnés face à la mobilisation de groupuscules proches de la fashosphère (Manif pour tous, Observatoire de la théorie du genre, etc).

Les effronté-e-s seront vigilantes à ce que la pénalisation du harcèlement de rue ne concerne pas seulement les hommes des quartiers populaires. Un député qui siffle l’ex Ministre Cécile Duflot à l’Assemblée ou une assistante parlementaire est aussi coupable qu’un lambda sur une terrasse de café. Les effronté-e-s déplorent l’instrumentalisation qui est faite de ce phénomène qui sévit partout, pour des raisons électoralistes ou xénophobes, par exemple pendant les législatives dans les quartiers nord de Paris.

Les effronté-e-s appuieront toutes les actions conduisant à ce que le harcèlement dans l’espace public ne soit plus toléré dans notre société.

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