CP: Premier féminicide 2019 : Déjà le féminicide de TROP !

Communiqué de presse des effronté-es / 6 janvier 2019

Premier féminicide 2019 : Déjà le féminicide de TROP !

Les effronté-es sont horrifiées de prendre connaissance du premier féminicide signalé de l’année 2019, qui a eu lieu ce matin. Comme souvent, il s’agit d’un assassinat barbare, clairement intentionnel, entraîné par plusieurs coups de couteau au thorax et au cou, que l’on ne saurait réduire à l’usuelle thèse du « coup accidentel de trop ».

La victime, à peine âgée de 29 ans, a été poignardée à mort par son conjoint à Toulouse, dans son appartement où dormait leur fillette de 6 ans, suite à “une violente dispute” liée à une éventuelle infidélité, nous dit-on. Il est inadmissible d’évoquer “dispute” et “assassinat” au sein d’un même article. Nulle dispute n’est censée se finir en bain de sang !

Les effronté-es sont indignées d’entendre l’expression « piste passionnelle » dans la bouche du Procureur de Toulouse, Dominique Alzeari. Nul n’enfonce plusieurs fois un couteau dans le corps d’une femme par passion. Ces expressions minimisent la gravité des assassinats de femmes par leurs conjoints ou ex. Il s’agit de violences patriarcales liées à une culture d’appropriation des femmes : ces tueurs passent le plus souvent à l’acte quand la victime décide de partir, ou quand elle a des rapports avec d’autres hommes.

La notion de « crime passionnel » a été abrogée du droit pénal en 1975. Héritée du code Napoléonien de 1810, elle servait à excuser les maris “trompés” assassins « sous l’emprise de la passion ». Non, les coupables de ces féminicides barbares ne sont pas des romantiques blessés ! La qualité de conjoint ou de concubin est même une circonstance aggravante. Il est urgent que cette expression cesse d’être utilisée par les médias, les juges ou le grand public.

Les effronté-es expriment toute leur solidarité à la famille de la victime et à l’enfant qui subira sans doute un traumatisme important. Nous réclamons un plan d’urgence contre les violences faites aux femmes. Le gouvernement est, malgré l’énorme mobilisation #NousToutes du 24 novembre 2018, très loin d’être à la hauteur des enjeux.

Monsieur le Président de la République, Madame la Secrétaire d’État chargée de l’égalité Femmes-hommes, que faites vous pour empêcher ces morts ?

Pourquoi les femmes ont-elles toujours peur d’aller porter plainte ? Pourquoi ne sont-elles pas toujours prises au sérieux quand elles le font ? Pourquoi les fonctionnaires d’État qui vous représentent ne sont-iels pas formé-es à recueillir leur parole dans les meilleures conditions ? Pourquoi tant de femmes rentrent-elles chez elles avec leurs agresseurs après leur dépôt de plainte ? Pourquoi les structures censées les accueillir sont-elles saturées ? Pourquoi les condamnations restent-elles légères voire inexistantes lorsqu’elles dénoncent des coups ? Pourquoi rien n’est fait pour protéger les enfants, témoins et/ou victimes, contre ces hommes violents ?

Le manque de moyens des territoires pour protéger ces femmes découlent de vos décisions politiques. Le sang est sur vos mains.

NOUS RÉCLAMONS :

  • Un milliard d’euros aux associations pour les femmes victimes de violences, pour des centres d’hébergement, des structures publiques pluridisciplinaires pour les accueillir, pour le remboursement à 100% de tous les soins (médecin, psychologue etc.)
  • De grandes campagnes nationales à l’initiative de l’État contre le sexisme.
  • Un programme d’éducation à l’égalité contre le sexisme, de la maternelle au supérieur.
  • Des formations annuelles de tou-tes les professionnel-les qui les accueillent : police, gendarmerie, magistrature, justice, inspection du travail, personnels de santé, médecins du travail, infirmier-es scolaires, etc.
  • La hausse du budget de la Justice.
  • Une loi contre le sexisme interdisant la publicité et les affiches sexistes.

Une réflexion sur “CP: Premier féminicide 2019 : Déjà le féminicide de TROP !

Laisser un commentaire