CP: La parole libérée des femmes victimes de violences envahit le débat public !

La parole libérée des femmes victimes de violences envahit le débat public !

Les violences sexistes et sexuelles envahissent (dans le bon sens du terme) en ce moment le débat public, l’agenda médiatique et politique, et nous nous en réjouissons !

Le procès de Pontoise a énormément choqué, informant ainsi le grand public qu’en France, il n’existait pas d’âge minimum pour partir du principe qu’une victime de viol ne pouvait pas être consentante, même à l’âge de 11 ans !

Dans l’émission «On n’est pas couché», vous avez été très nombreuses et nombreux à osciller entre émotion et indignation face à deux femmes, Sandrine Rousseau qui a fait le choix de parler, et Christine Angot celui de taire, pour gérer au mieux la souffrance qu’engendre le harcèlement sexuel ou l’inceste. Surtout, des millions de femmes se sont reconnues dans leur vécu et ont pu s’identifier à ces deux victimes dont l’échange brutal a illustré la violence de la prise de parole.

La Une des Inrocks, faisant le choix éditorial de montrer encore une fois Bertrand Cantat dans une posture victimaire en étalant ses états d’âme, a poussé le magazine ELLE a faire au contraire une Une dédiée à Marie Trintignant, pour dire qu’il est grand temps que l’empathie s’oriente vers les victimes des féminicides et non vers ceux qui leur ont ôtée la vie. Nous remercions aussi le journal Libération qui a fait le choix éditorial de dédier des pages entières aux noms, aux visages et aux portraits des femmes tuées par leurs compagnons ou ex, afin de les humaniser et de les sortir de la case des « faits divers » ou des « crimes passionnels ».

Tandis que la liste des victimes de Roman Polanski a vu une quatrième femme l’accuser de viol, le producteur Harvey Weinstein a été lui aussi dénoncé par un interminable tapis rouge d’actrices ou de mannequins victimes de ses harcèlements, de ses agressions et de ses viols… avec le bon vieux refrain du « tout le monde savait » qui avait aussi caractérisé les affaires DSK et Baupin.

Enfin, l’énorme succès des hashtags #Balancetonporc et #MeToo, de même que #BasLesPattes il y a quelques temps, démontre à quel point l’ampleur des violences sexuelles et sexistes ne concerne pas seulement le monde des personnalités politiques, de Hollywood ou des quartiers populaires, mais concerne du côté des victimes mesdames tout-le-monde, et du côté des auteurs de violences messieurs tout-le-monde, issus de tous les milieux et de toutes les origines.

C’est une révolution, une prise de conscience, une incroyable libération de la parole des femmes qui va nous permettre de politiser ce que c’est qu’une société patriarcale, les rapports de domination qu’elle induit dans toutes les sphères de la société, et le rôle primordial de l’éducation pour changer les mentalités.

En France, une femme meurt tous les deux jours et demi, tuée par son compagnon ou ex. Une femme sur 8 subira au moins un viol ou une tentative de viol dans sa vie : 83 000 femmes par an ! Seulement 10% d’entre elles porteront plainte, et seulement 1% des violeurs seront condamnés.

Nous saluons le projet de loi qui prévoit d’allonger les délais de prescription pour les violences sexuelles faites aux mineur-es, même si les effronté-e-s réclament l’imprescriptibilité ; un âge minimum en-dessous duquel on ne peut prétendre que la victime peut être consentante, afin de caractériser le viol ; cependant, nous sommes plus sceptiques concernant la pénalisation du harcèlement de rue par rapport aux modalités qui sont proposés suite à l’avis exprimé par les associations Stop harcèlement de rue et Paye ta Schnek (gestion du flagrant délit, répartition des agents sur le territoire), bien que nous nous réjouissions que ce phénomène de masse soit enfin pris au sérieux.

Les effronté-e-s réclament :

  • L’amélioration de l’accès à l’information et au droit en les centralisant dans un document unique (lois, règlements, jurisprudence, lignes directrices ou protocoles nationaux, etc). Combien de femmes sont informées que la règle doit être celle de l’éviction du conjoint violent du domicile ? Dans la réalité, c’est souvent la victime qui est contrainte de fuir le domicile ;
  • L’augmentation des accueils de jour, des lieux d’écoute, d’accueil et d’orientation (LEAO), des permanences dans les commissariats et gendarmeries, des permanences des associations et des centres d’hébergement spécialisés ;
  • Plus de formation des professionnel-les qui accueillent et traitent de la question des violences faites aux femmes ;
  • Plus de moyens financiers pour les associations et les actrices de terrain: le coût, pour la société, des violences conjugales était estimé à 3,6 milliards en 2012 ;
  • Plus de places d’hébergements d’urgence ;
  • Plus d’ordonnances de protection, plus facilement délivrées ;
  • Plus de téléphones d’alerte pour les femmes en très grand danger dans tous les tribunaux de grande instance ;
  • Plus de moyens pour l’Observatoire national des violences faites aux femmes afin d’aider les association de terrain (FNSF, CIDFF etc.) ;
  • L’augmentation des fonds des accueils de jour, des lieux d’accueil et les centres d’hébergement spécialisés ;
  • Que soit rendu obligatoire une commission départementale en matière de violences faites aux femmes pilotée par le Préfet ;
  • Que soit rendu obligatoire et que soit financé des référent-es « violences » au sein des gendarmeries, des commissariats et des tribunaux dans tous les départements ;
  • Un vrai programme d’éducation à la sexualité et à l’égalité à l’école, sur le modèle des regrettés ABCD de l’Égalité ;
  • Un Ministère des Droits des Femmes, assorti de moyens, donc avec un vrai budget !

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