Eléments de langage propres aux discours antiféministes

Le féminisme intersectionnel et pro-LGBTQIA+ est régulièrement qualifié de « néoféminisme» par des militant.es proches de courants de droite et d’extrême-droite, mais aussi par tout un courant de la gauche, se qualifiant d’« universaliste », pointant du doigt la  « radicalité » supposée de ces mouvements considérés comme « récents ».

Quel sens attribuer à ce néologisme ? Pourquoi a-t-il été créé ? L’usage du préfixe « néo », qui signifie « nouveau », suppose la filiation, un lien de parenté avec les mouvements féministes antérieurs. Réunir l’ensemble des courants actuels sous le dénominatif de « néoféminisme » marque donc l’idée d’une trahison du passé, d’un matricide de la nébuleuse des mouvances créées par le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) dans les années 1970. Le néoféminisme est perçu comme un seul et unique mouvement, sans prendre en compte les particularités de chaque organisation opposant encore aujourd’hui nombreuses féministes : essentialistes, universalistes, intersectionnelles, abolitionnistes, pro-TDS, TERF, etc. Il s’agirait donc d’une sorte de mainmise hégémonique d’un seul courant (sous-entendu, l’intersectionnel pro-LGBTQIA+) sur l’ensemble du féminisme. Une sorte de géant devenu la norme engloutissant les différences idéologiques et ne laissant aucune place au débat. Un féminisme justicier, censeur et punitif, qui ne saurait admettre la moindre critique. Il s’agit en réalité d’un biais commun, observé tout au long de l’histoire du féminisme : les militant.es sont toujours décrié.es par leurs contemporains et comparé.es à leurs prédécesseur.euses, sans cesse critiqué.es pour leur obsolescence et/ou leur extrémisme. Se référer aux féministes du passé uniquement, les évoquer comme un âge d’or révolu et prétendre que les combats contemporains s’éloignent des luttes véritablement importantes revient en réalité à ne jamais soutenir la cause des femmes et des minorités de genre.

« Néoféministes », « woke », « terreur victimaire », « justicier.ères », « puritain.es »… Nombre de mouvements réactionnaires et antiféministes ne manquent pas de termes pour désigner le militantisme féministe contemporain, supposé dévoyé et traître à l’héritage de ses prédécesseur.euses.

Le vocabulaire de la terreur et de l’autoritarisme est lui aussi très régulièrement employé. « Censeur.euses », « autocrates », « puritain.es » : ce lexique particulièrement alarmiste et dictatorial a pour but d’attirer l’attention sur le danger que représenteraient les féministes pour la démocratie et l’égalité. En faisant de l’« homme blanc cis-hétéro » le responsable de la quasi-totalité de leurs maux, et donc la principale cible à abattre, les féministes seraient à l’origine d’une véritable « guerre des sexes », où l’ombre d’une présomption de culpabilité planerait sur chaque homme, supposé potentiel abuseur en puissance. Nombre d’antiféministes critiquent donc un prétendu climat délétère instauré par le militantisme contemporain, qui créerait une méfiance de fait incompatible avec le nécessaire « vivre ensemble » permettant le bon fonctionnement d’une société. Selon ces antiféministes, une conception simpliste, essentialiste et binaire des relations homme/femme serait donc promue : les hommes seraient naturellement violents et impulsifs, là où les femmes seraient innocentes et dépourvues de toute agressivité. Nombreux sont les détracteur.ses du féminisme qui avancent alors le fait que la violence faite aux hommes est trop souvent invisibilisée, et que les femmes aussi peuvent se révéler dominatrices et prédatrices. Or, cette rhétorique renie le collectif et fait de quelques cas individuels une vérité générale et absolue, sans aucune considération de la dimension systémique du problème. La société patriarcale dans laquelle nous avons tous.tes grandi est porteuse d’une véritable injonction à la force virile, et se montre très permissive vis-à-vis de la colère des hommes, qu’elle considère comme parfaitement légitime, la perte de contrôle pouvant justifier les excès de violence.

La position de « victime » servirait de valorisation sociale, faisant des dénonciations des violences sexistes et sexuelles une longue complainte larmoyante et virulente, dérapant dans la calomnie sans scrupules et les jérémiades misandres. Les « néoféministes » rejetteraient le sexe et la spontanéité des entreprises de séduction au profit de rapports sociaux codifiés, aseptisés et déshumanisés. Jugé trop moralisateur, le féminisme contemporain chercherait à promouvoir un égalitarisme forcené qui ferait primer le droit à la différence sur le droit à l’égalité (cf sa prétendue complaisance vis-à-vis de l’islamisme, lui valant le qualificatif d’« islamo-gauchisme »). 

Ces discours servent malheureusement à protéger le climat d’impunité qui couvrent agresseurs et harceleurs. La dénonciation de la prétendue violence des féministes est un moyen de faire diversion, en esquivant un réel débat de fond sur les agressions systémiques et structurelles auxquelles sont confrontées les femmes. Elle pousse ainsi à opter pour une posture immobiliste qui normalise la culture du viol, les violences intrafamiliales et les discriminations sexistes plus généralement.

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