L’idéologie anti-abolitionniste l’emporte sur l’intérêt des mineur-es et pour la première fois, une association se voit refuser une subvention pour un projet de réflexion sur la prostitution et de prévention auprès des jeunes
Communiqué de presse – Les effronté-es
3 janvier 2023
Avant-propos : nous rappelons que Les effronté-es sont apartisanes. Nous ne sommes rattachées à aucun parti ni syndicat. Apartisanes ne signifie pas apolitiques : Les effronté-es sont de gauche anticapitaliste.
Nous rappelons aussi que la gauche est historiquement abolitionniste du système prostitueur (partis, syndicats…)
Pour la première fois, une association de terrain (accompagnement des victimes) et de plaidoyer se voit refuser un soutien à un projet de prévention et de réflexion auprès des jeunes sur les dangers du système prostitueur : nous, Les effronté-es, association féministe, LGBTQI+, intersectionnelle et matérialiste, avons fait une première demande de subvention à la Ville de Paris à l’automne 2022, pour notre projet de podcast, à destination notamment des jeunes, mineur-es et primomilitant-es.
Notre démarche se veut ouverte, loin de tout dogmatisme, nous voulons recréer un débat actuellement verrouillé, autour d’une question complexe, la prostitution. Nous sommes en effet intimement persuadées qu’il ne peut être que bénéfique pour toutes et tous de renouer un dialogue, trouver des ponts, et mettre en évidence nos points d’accord avec les personnes qui ne défendent pas le modèle abolitionniste.
Nous ne remettons jamais en cause les récits individuels : toutes les personnes sont légitimes dans leur parcours, leur vécu, toutes doivent être entendues. Notre positionnement est politique, il s’inscrit dans la pensée du collectif, sans pour autant silencier l’individu. Aussi nous avons pour objectif d’inviter des personnes concernées, qu’elles se définissent comme survivantes de la prostitution ou comme travailleur-euses du sexe.
C’est donc le 15 décembre dernier que ce projet a été présenté en Conseil de Paris par Hélène Bidard, Adjointe à la Maire de Paris pour l’égalité femmes-hommes, la jeunesse et l’éducation populaire. Les voix contre l’ont emporté, pour la première fois sur un projet associatif concernant la prévention à l’égard des jeunes envers les dangers de la prostitution.
Une manœuvre odieuse : l’alliance avec les élu-es du groupe républicain des groupes écologie et socialiste
Bien que l’abolitionnisme soit historiquement un projet politique de gauche, il se trouve que la droite conservatrice (LR) vote généralement également en faveur des projets abolitionnistes, avec les groupes de gauche donc, pour des raisons bien différentes de la gauche toutefois, et évidemment des nôtres : nous défendons un système social radicalement différent du néolibéralisme dans lequel la droite s’inscrit.
La gauche vote toujours pour ces projets qui font partie de ses combats historiques.
Pourtant, les élu-es du groupe écologie au Conseil de Paris, ont commencé par demander un vote séparé, puis à une exception près, ont tou-tes voté contre la subvention demandée par notre association, suivi-es par les élu-es de droite et des élu-es socialistes – qui ne s’étaient pas rendu-es présent-es en nombre suffisant pour représenter la position de leur groupe – ce qui ressemble à une alliance manifeste de ces groupes.
On rappelle aux élu-es socialistes que c’est un gouvernement issu de leur parti qui a mis en place la loi de 2016 pour l’abolition du système prostitueur, et que c’est de surcroît le modèle socio-économique choisi par la France aujourd’hui.
(Notons que les associations STRASS et ACT UP se sont félicitées publiquement de ce rejet, et que de surcroît le STRASS n’a pas manqué de s’exprimer contre notre projet une semaine avant le vote – les écologistes venaient de demander un vote séparé – révélant ainsi notre projet sur Twitter, tout comme le montant de la subvention dont nous avions fait la demande.)
Par cette alliance avec Les Républicains pour contrer un projet de gauche, le groupe écologie du Conseil de Paris ainsi que le groupe socialiste trahissent les idéaux de la classe politique à laquelle ils prétendent appartenir, trahissent les valeurs de la gauche.
En conclusion nous dénonçons donc la gravité de ce positionnement d’une autorité publique telle que la Ville de Paris face à une question pointée de toutes parts comme une priorité en matière de prévention auprès des jeunes ! Informer un public jeune sur la prostitution avec des chiffres, des sources, des témoignages, devrait être consensuel dans une institution de la République. C’est même une question de santé publique, où l’intérêt des jeunes devrait être la priorité de tou-tes, or ici des élu-es ont fait passer leur idéologie anti-abolitionniste avant cet intérêt, censurant ainsi le projet associatif le plus ouvert, le plus intersectionnel jamais présenté en Conseil de Paris sur la question, dans lequel les “concerné-es”, dans toute leur diversité, avaient toute leur place.
Contact presse :
Claire Charlès : 07 60 36 38 29